« L’Amour est un anneau et un anneau n’a pas de fin »
Le mariage c’est l’union de deux êtres dans la fidélité l’un à l’autre dont le principe d’unité est les enfants. Il me semble que cette définition remet le mariage à sa vrai place.
L’amour, chemin de l’unité
Deux bras qui s’enlacent, deux volontés qui se donnent, deux intelligences qui s’effacent : « ils deviendront une seule chair », l’amour c’est le chemin de l’unité.
C’est une aspiration de tous les peuples et de tous les temps.
C’est vers ce chemin, ce somment, cîme unique de l’Unité parfaite, qu’il faut donc envisager le mariage.
Où conduit l’amour ?
Car enfin, vers quoi vont ils se diriger tous ceux qui se sont engagé ? Quel sens vont ils donner à leur vie commune ?
Aujourd’hui, nous le voyons lors des préparations au mariage, dans cette société matérialiste, beaucoup se trompent sur le sens profond du mariage.
L’amour conduit-il au bonheur ?
Posons la question à un couple :
- Pourquoi vous mariez-vous ?
- Mais … parce que nous nous aimons.
Précisons un peu notre question :
- Naturellement ! Mais étant donné que vous vous aimez et qu’à cause de cela vous voulez vous marier ensemble (et non pas chacun de vous avec un autre) quel est le but, la fin, que vous poursuivez en vous mariant ?
Quatre-vingt quinze fois sur cent, la réponse vient :
- Notre but … c’est d’être heureux !
Amusez-vous à jouer alors à l’étonnement :
- Votre but, c’est d’être heureux ?
- Mais oui ! Quel autre but pourrions nous désirer ?
- Évidemment ! Mais être heureux, d’abord, qu’est ce que cela veut dire ?
- Être heureux ? c’est s’aimer, voilà tout !
Le bonheur ne peut être « irréalisme »
Ce qui frappe dans ce dialogue c’est son irréalisme, suivez le raisonnement :
Nous nous marions pour être heureux - on est heureux quand on s’aime – donc nous nous marions pour nous aimer - et nous serons heureux parce que nous nous aimerons !
L’irréalisme dans tout cela c’est l’abstraction des réalités matérielles et des difficultés morales de toutes sortes qui remplissent la vie du mariage. C’est toujours le même postulat : « Nous nous aimons, que peut il nous arriver ? »
« On est heureux quand on s’aime ! » . Est ce que l’on est heureux quand on se regarde comme deux crapauds mort d’amour ? Ou encore quand on a dans le cœur la présence du sentiment d’amour ?
Alors ? Où conduit l’amour ?
On ne se marie pas pour apprendre à sa femme à faire des mots croisés, ni pour raconter à son mari les contes de Perrault.
Les hommes du Moyen-age, qui n’avaient pas été touchés ni par le jansénisme, ni par le puritanisme protestant, ni par le paganisme moderne y voyaient plus clair que nous : Ils se mariaient pour faire des enfants à leur femme … et les femmes pour donner des enfants à leur mari !
Ce qui n'enlève rien à la dimension de l'amour dans un couple !
L’amour conduit à la vie
Ce réalisme sain va sans doute à contre sens de tous les courants de paganisme ambiant. Le récit de la genèse est là pour nous le rappeler « Soyez féconds, Multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez là ! » Gn 1.28.
Nos conceptions modernes « nous nous aimons pour être heureux ! » sont blessées, notre amour est blessé comme si il ne pouvait pas aimer complètement.
L’amour blessé
Tant de sollicitations nous suggèrent que les satisfactions sensuelles sont un but en elles-mêmes, une fin, que nous avons honte d'avouer parce que nous les désirons comme telles. Comme si nous ne désirons du mariage que le plaisir …
Tant d’images aujourd’hui suggèrent à notre imagination que la femme est en pratique un objet de plaisir…
Ce n’est pas en accord avec la grandeur de la vie et cette blessure que nous avons tous c’est le désir d’aimer incomplètement.
Peut on loyalement désirer un amour stérile, sans fécondité ? est-ce encore de l’amour cette sensualité pervertie ?
Les couples qui ne peuvent pas avoir d'enfants mais qui en désirent ardemment font l'objet d'une autre causerie sur la fécondité spirituelle du couple.
Il nous faut donc rechercher le vrai bonheur, ce pour quoi Dieu nous a créé !
L’amour ne se prend pas, il se donne !
« Multipliez-vous » Gn 1,28
L’épouse devient le tabernacle des enfants avides de vivre, de grandir, de s’élancer vers Dieu. C’est la nature même selon l’ordre voulue par Dieu, qui incline au mariage.
Et pour donner il faut renoncer à ce que l’on donne
Si nous voulons donner la vie, il faut d’abord renoncer à la notre. C’est ce langage de renoncement qui n’a pas bon écho dans l’air du temps. « Nous nous aimons pour être heureux ! », à quel renoncement sont ils appelés ceux qui s’aiment pour être heureux ?
Le bonheur n’est pas le but de la vie. Claudel questionne : « Est ce que le but de la vie c’est de vivre ? ». Oui c’est de vivre quand la survie est importante, quand notre vie est menacée. Mais le bonheur n’est pas le but mais le moyen de l’amour.
Le bonheur n’est pas le but mais le moyen de l’amour
Nous avons besoin de bonheur pour le donner, c’est un moyen d’aimer. Si le paradis c’est l’âme de l’autre, le but de la vie c’est d’aimer l’autre pour atteindre le paradis de l’autre, et il en rejaillira le bonheur. L’amour n’est pas d’avoir l’autre mais d’être l’autre. Claudel dans partage de midi « Il ne faut pas comprendre l’autre, il faut perdre connaissance ». « Perdre connaissance » selon les mots de Claudel c’est mourir à soi même.
On ne peut donner que ce que l’on quitte, et l’on ne peut se donner que si l’on se quitte.
Le Mariage c’est donc profondément un don de soi à l’autre, à son époux (épouse) et à ses enfants. Le principe de l’unité dans l’amour c’est les enfants.
Les enfants, principe d’unité
Se marier et donner la vie c’est donc tout un : ce sont les joies de l’amour, ce sont les incommodités de la grossesse, ce sont les souffrances de l’enfantement, c’est la joie indicible qui monte, bouleversante, dans le cœur des parents, à cette minute unique où ils font connaissance avec leur petit.
Comme ils sont aveugles ceux qui voudraient nous faire croire que l’étreinte des époux est limitée à elle même !
Un enfant c’est faire deux en une seule chair ! C’est ce petit enfant qui les a unit.
C’était pour arriver à ce petit être que les époux ont rêvé ensemble, que leur tendresse les a appelé l’un vers l’autre, qu’ils ont osés dans les liens du sacrement de mariage, désirer plus d’unité encore.
« Qu’ils soient un comme nous sommes un ; moi en eux et toi en moi, afin que leur unité s oit parfaite » Jn 17, 23.
Vers l’avenir …
La vie réserve bien des surprises, elles seront nombreuses les difficultés dans l’éducation, dans la vie affective, …
Oui, mais sommes nous de « ces gras égoïstes qui préfèrent leurs bon repas, leurs danses, leur cinéma plutôt que de donner la vie à un enfant ? Serons nous ces égoïstes distingués qui préfèrent conserver leur auto, leurs bijoux, leur luxe, et refuser la vie à un enfant ? » Selon les mots forts de Marcel Clément ?
Qu’est ce que « donner la vie » ?
Laisser Dieu créer à travers nous, voilà ce qui dépend parfois de notre seule volonté d’époux.
Au lieu de nous marier pour « notre bonheur » nous allons du plus profond de notre intention décider de nous marier pour réaliser, en plénitude, le plan divin. Voilà la racine spirituelle du mariage, le principe de notre unité conjugale, la fin première de notre amour.
Ainsi l'a voulu Dieu, il ne rétrécit rien, il n’enlève rien, au contraire, il épanouit tout, il accomplit tout.
Compagnons d’éternité
Et voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde ». Dieu aidant, en acceptant son amour, nous pouvons accepter cette responsabilité d’époux et d’épouse devant Dieu et chanter avec le Psaume :
« ton épouse sera comme une vigne luxuriante dans l’intimité de ta maison, tes enfants comme des rejetons d’olivier autour de ta table. C’est de cette manière qu’est béni l’homme qui craint Dieu » Ps 128, 3-4